蘭亭の主人池に鵝を愛せられしは筆意有るゆゑなり
池に鵝なし
仮名書習ふ
柳陰
Si le maître du Pavillon des orchidées (Wang Xizhi) aimait les oies sauvages sur l’étang, c’est qu’il y reconnaissait « l’intention du pinceau ».
Sur l’étang nulle oie sauvage
Il s’exerce à calligraphier des Kana
Le reflet du saule pleureur
Yamaguchi Sodô (1642-1716), Friches (1689)
Calligraphie Claire Seika
À une époque où aucun modèle à suivre n’existait en Chine dans le domaine de la calligraphie et où les classiques n’avaient pas encore vu le jour, le maître de la calligraphie, Wang Xizhi (303-361) lui-même, apprenait déjà par le regard. Ainsi nous enseigne-t-il que l’« apprentissage du regard » - Menarai (目習い) - ne se limite pas à l’observation des calligraphies excellentes.
Dans le Haiku dont la calligraphie
est reproduite ci-dessus, Sodô s’intéresse
à ce qui inspirait Wang Xizhi : ce sont les allées et
venues des oies sauvages sur l’étang. Le Haiku donne ainsi à voir Menarai (目習い), l’apprentissage du regard du
calligraphe, et retient de la biographie de Wang Xizhi que le
calligraphe se montre sensible aux mouvements qui s’offrent à ses yeux dans la
contemplation de la nature. Ce sont les allées et venues des tiges du saule
pleureur, dont le reflet semble tracer des signes sur l’eau, qui
retiennent désormais l’attention du calligraphe.
Tous les mouvements de la nature peuvent éduquer le regard du calligraphe, car il existe une correspondance entre les mouvements naturels en général et le mouvement du pinceau, le mouvement accompli étant sans artifice et sans intention de la part du calligraphe. En effet, l’intention que cherche à saisir le calligraphe en cultivant son regard est l’intention du pinceau lui-même.
Texte de Claire Seika extrait du Pinceau d'avril Journal de calligraphie japonaise - 卯月の筆 Uzukinofude, numéro 24, avril 2025, publié par Oshinkan, 1, rue Blaja, 31500 Toulouse.